Description
ICONOGRAPHIE
Au milieu du XIVème siècle apparaît dans la vallée du Rhin le grand courant du mysticisme, largement diffusé par la pensée franciscaine.
L’art pathétique du Moyen Age fait alors une large place dans son iconographie à des thèmes qui ne sont ni esquissés dans les Evangiles, ni davantage issus du culte officiel, mais qui trouvent leur origine dans l’Evangile apocryphe de Nicodème.
Celui-ci introduit Marie, en l’annonçant comme étant présente à l’ensevelissement de son fils et lui prête des paroles qui constituent un véritable thrène (lat. threnus : élégies) reposant en grande partie sur la prophétie du vieillard Siméon. Cet apocryphe a inspiré les mélodies et les homélies de Georges de Nicomédie qui, dès la fin du IXème siècle, précise encore davantage le caractère douloureux de ce thrène.
Il est indispensable de revenir sur ces textes afin de relativiser l’importance donnée en général aux écrits postérieurs des mystiques de la Vallée du Rhin, dans la genèse de ces groupes. Certains les considéraient à tort, comme nés exclusivement des méditations et des visions du bienheureux Suso et de sainte Brigitte. Les mystiques ne firent que reprendre et exacerber ce thème déjà bien connu des enlumineurs et des maîtres verriers.
En ce domaine les images précédèrent donc les sculptures de plusieurs siècles. Et les plus anciennes sont de type byzantin respectant les gestes d’ensevelissement de l’apocryphe de Nicodème.
Les Vierges de Pitié, se développent dans la statuaire avant la fin du XIVème siècle. En Allemagne, elles virent le jour au début du XIVème, dans les couvents de nonnes mystiques de la Haute Vallée du Rhin dans le cadre des « Vesperbilder » ou images de Vêpres (l’heure des Vêpres, de cinq à sept, correspondant à la descente de croix).
En France, la plus ancienne serait celle exécutée par Claus Sluter pour la Chartreuse de Champmol ; elle était alors accompagnée de deux anges suivant l’iconographie byzantine.
La plupart de ces groupes furent créés durant le XVème siècle et leur création fut encouragée par la multiplication des Confréries de Notre Dame de Pitié.
DESCRIPTION
La Vierge Marie est représentée assise sur un trône portant le corps du Christ sur son genou droit. La lourde étoffe de son manteau bleu ciel et rouge à l’intérieur, la recouvre entièrement, de la tête aux pieds. Cela lui confère une grande puissance. Sur son visage fin, cerné d’une guimpe blanche, les paupières baissées dévoilent des yeux peints, un nez fin et bien dessiné et une bouche aux lèvres minces, ainsi qu’un petit menton dégagé de sa mentonnière. Une douce mélancolie traverse son visage.
Sur son genoux droit, elle porte dans une véritable diagonale le corps de son fils, qu’elle soutient de son bras droit. Le Christ mort est vêtu du périzonium court bleuté, typique du XVème siècle. L’un de ses bras est maintenu par la Vierge le long de son corps, tandis qu’elle prend sa main gauche dans la sienne.
Il porte la couronne d’épine sur sa chevelure abondante. Son visage aux yeux clos, porte une petite barbe. Son expression semble apaisée, sans trace de douleur.
Le plissé des vêtements et la douce harmonie des expressions sont un parfait reflet de la sculpture germanique de cette période.