IMPORTANT CABINET RICHEMENT SCULPTÉ DE LA RENAISSANCE FRANÇAISE

IMPORTANT CABINET RICHEMENT SCULPTÉ DE LA RENAISSANCE FRANÇAISE

 

ORIGINE : ATELIER BURGONDO-LYONNAIS

EPOQUE : VERS 1560-1580

 

Hauteur : 190 cm

Largeur : 115 cm

Profondeur : 53 cm

 

Bois de noyer blond

Bon état de conservation

 

 

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Catégorie :

Description

Ce cabinet deux corps en bois de noyer sculpté et en léger retrait, est un joyau d’ornementation. L’harmonie des proportions et la rigueur de la structure, reflet de l’intérêt porté à une étude minutieuse de l’architecture antique, n’ont d’égale que la variété de son ornementation et l’exceptionnelle finesse d’exécution de ses compositions.

Le corps inférieur

Le corps inférieur s’élève sur une base moulurée de coquilles stylisées. Scandé de trois montants ornés de caryatides à la physionomie bien trempée, il ouvre par deux vantaux dont les panneaux assemblés à coupe d’onglet. sont embrevés dans des cadres richement moulurés de pennes d’oiseaux, et feuilles d’acanthes sur les côtés.

Sur le vantail de gauche, nous retrouvons sous un ciel aux nuages moutonneux, la personnification de l’été avec Mars. Il porte une plume ajustée sur son bandeau rappelant le goût pour les représentations d’Indiens à la Renaissance.  Un panier de fruits à l’épaule, et une gerbe de blé à la main. A ses pieds nous retrouvons ses instruments à savoir une pelle et une faucille. Le mot ‘mars’ dérive du dieu de l’agriculture étrusque Maris. Mars est en effet aussi le dieu de l’agriculture, de la fertilité et de la végétation.

Sur le vantail de droite, voici la personnification du Printemps sous les traits de Vénus accompagnée de Cupidon. Enrubannée d’un voile, elle tient la flèche dans sa main tandis que l’enfant joue avec son habit.

Les vantaux sont cantonnés de deux termes masculins dans des draperies, sculptés en fort relief, au visage grimaçant et à la musculature bien dessinée, tout à fait caractéristiques des Cabinets d’Hugues Sambin.

Au centre une figure féminine aux cheveux longs, en buste, ornée d’un collier et d’une fibule, ailée et coiffée d’un aigle, surmonte dans un enroulement de cuir, un masque de satyre.

La ceinture richement décorée également, consiste en deux tiroirs couronnés d’une frise de feuilles arrondies, dans lesquels s’élancent à partir d’une coquille faisant prise, des guirlandes de fruits retenues par des draperies. Les tiroirs sont cantonnés par deux satyres aux cornes proéminentes et séparés au centre par un visage féminin coiffé d’un voile gracieusement noué et d’une collerette plissée faisant contrepoint aux deux autres, par ses traits fins et délicats. La ceinture se poursuit jusque sur les côtés du Cabinet avec des cartouches à motifs de plume et rosace.

Le corps supérieur

Prenant assise sur une moulure en raie de cœurs, la partie supérieure ouvre par deux vantaux à panneaux sculptés. Au centre d’un cartouche orné de deux rosaces, s‘affirme un chou bourguignon aux rinceaux vastement fleuronnés, surmonté d’une tête de chérubin. Chaque vantail est couronné de frises moulurées à motifs de palmettes convexes et concaves.

Les panneaux sont cantonnés de pilastres à la cannelure saillante avec une tresse médiane, finissant en chapiteaux à oves, se poursuivant sur les côtés du Cabinet.

L’entablement s’élève jusqu’à la corniche en une suite de frises moulurées des plus travaillées et finissant en raies de cœur.

Les côtés ne sont pas laissés pour compte avec de longs cadres sculptés en méplat de rinceaux en lyre entourant un miroir, typiquement lyonnais dans le motif.

Ce cabinet est une pièce majeure à plus d’un titre :

Tout d’abord, nous pouvons identifier notre meuble comme un Cabinet de mariage qui symbolise la solidité du couple avec Mars et Vénus se faisant face, figurés en partie basse.

Ensuite, l’exceptionnelle qualité de la sculpture, l’harmonie de la composition bien architecturée, ainsi que la présence des termes spécifiques de l’art bourguignon de la seconde moitié du XVIème siècle, permettent de le considérer comme meuble « à la manière d’Hugues Sambin », où la profusion ornementale ne laisse aucune place au vide.

Notons également que les imagiers ne s’inspiraient pas directement de l’Italie, mais des gravures françaises ou flamandes qui ont diffusé un magistral répertoire ornemental.

Enfin, la composition générale architecturée du meuble, les rinceaux lyonnais, et les fins détails ornementaux plaident pour une commande de réalisation burgondo-lyonnaise, où la vitalité des ateliers doit beaucoup à Hugues Sambin et à son école.

Bibliographie :

Jacqueline BOCCADOR, Le mobilier français du Moyen-âge à la Renaissance, Ed Monelle Ayot, Paris, 1988

Jacques THIRION, Le mobilier du Moyen-Âge et de la Renaissance en France, Dijon, 1998.