EXCEPTIONNEL CABINET GÉNOIS DIT ‘STIPO’ D’ÉPOQUE RENAISSANCE DONT LE THÈME PREMIER EST L’ABONDANCE

EXCEPTIONNEL CABINET GÉNOIS DIT ‘STIPO’ D’ÉPOQUE RENAISSANCE DONT LE THÈME PREMIER EST L’ABONDANCE

 

ORIGINE : ITALIE, RÉGION DE GÊNES

EPOQUE : XVIème SIÈCLE

 

 

Corps supérieur :                       Corps inférieur :

Hauteur : 91 cm                           Hauteur : 98 cm

Largeur : 96cm                            Largeur : 110 cm

Profondeur : 48 cm                     Profondeur : 65cm

 

Hauteur totale : 189 cm

 

 

Bois de noyer et loupe de noyer

Bon état de conservation

 

 

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Description

CONTEXTE HISTORIQUE

Cet exceptionnel Stipo, cabinet italien en noyer et loupe de noyer, est un remarquable exemple de l’art maniériste appliqué aux arts décoratifs à la fin du XVIe siècle.

En effet, si le mouvement maniériste est né et a mûri à Florence, avant d’acquérir son caractère international, il s’est particulièrement épanoui en Italie du Nord à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle.

Contrairement au reste de l’Italie qui adopte très tôt des motifs d’inspiration classique, les principaux éléments décoratifs, spécifiques de la Renaissance perdurent encore très tard et même tout au long du XVIIe siècle, dans toutes les régions du nord. La sculpture, négligeant désormais le cadre austère des églises et des édifices publics, pénètre dans les demeures privées, ­­­­orne les salles de réception et les cabinets de travail de statues profanes.

Mais c’est en Ligurie que cette tendance est la plus nette sur le mobilier, et principalement à Gênes où apparaît toute une catégorie de meubles au décor sculpté d’un monde spectaculaire de personnages que l’on appelle « bambocci ». Ces meubles spécifiquement génois, par leur centre de production, sont tout de même d’extraction toscane et plongent leur source dans le maniérisme.

DESCRIPTION

Rarement rigueur et fantaisie n’ont atteint un tel niveau de perfection et d’équilibre. Ce Stipo, cabinet italien, est avant tout le meuble du secret, avec comme thème majeur : L’Abondance.

Très architecturé, il se compose d’une partie basse à deux vantaux simulant des portes voutées, avec des putti aux écoinçons, sur laquelle se pose le cabinet, fermé par un abattant épais qui le clôt comme une forteresse. La belle surface lisse en loupe de noyer met en valeur le métal doré des entrées de serrures et des trous, ouvragés de motifs feuillagés, profondément découpés.  Par contraste, il donne de la force à l’encadrement de petites figurines travaillées avec virtuosité en ronde-bosse dans un seul bloc de noyer, plaqué ensuite sur chaque montant. Inspirées des bambocci, elles sont beaucoup plus élaborées, individualisées et polysémiques. Elles composent un hymne à la vie et aux divinités de la nature, créatures des eaux et des bois porteuses d’offrandes, synonymes d’abondance. Mises en valeur, elles sont supportées par des putti au rôle d’atlante.

Sur le corps du bas des centurions renvoient à la mythologie romaine. Ils sont soutenus en console par des cariatides blottis dans des enroulements. Le même thème anime le corps supérieur.

Les sculptures sont travail d’atelier. Chaque figure est un chef d’œuvre d’harmonie et de grâce avec un rendu anatomique et une précision des traits du visage et des chevelures assez édifiants. De chaque côté, des vieillards soutiennent un angelot ailé formant atlante soutenant une jeune femme habillée d’un simple voile, accompagnée de son putti et les bras chargés d’offrandes.

Les côtés du cabinet présentent également des figures isolées d’hommes et de femmes à la mode romaine, toujours en offrande.

Sur l’entablement, deux putti ailés encadrent deux tiroirs séparés par les armoiries au centre d’un cuir enroulé porté par deux angelots. Ils soutiennent la corniche débordante ornée de modillons à consoles, frises d’oves et de palmettes.

Ouvert, l’abattant devient table à écrire, rappelant que le Stipo a d’abord été un secrétaire. Pour la rendre stable, deux tirettes logées dans l’entablement de la partie inférieure, la soutiennent.

A la fois décor et support, elles s’ornent en leur extrémité d’un Putto en  cavalier sculpté en ronde-bosse, chevauchant son Cheval marin.

Les patins du Stipo offrent deux très belles têtes de lion débordantes, à la crinière généreusement bouclée.

L’abattant ouvert, on découvre tout un système architectural digne d’un Palais italien.

Au registre inférieur, deux tiroirs semblent en être trois par souci d’équilibre.

Au registre médian, trois vantaux fermant à clé, ouvrent sur un logement de tiroirs superposés. Chacun a son sous-tiroir très discret, qui bien qu’orné de têtes d’angelots, reste à découvrir.  Cela est sans compter les multiples caches secrètes qui n’attendent qu’à être révélées.

Chaque vantail, tel un portique miniature, est attelé de figurines sur les montants, un angelot abrité dans une niche centrale habillée de feuilles stylisées. S’en suivent un entablement et un fronton brisé présentant des enroulements et des putti aux écoinçons. Derrière les dormants se cachent encore des secrets.

En partie haute deux tiroirs habitent les angles. Tous sont réalisés en loupe de noyer.

Ce Stipo richement décoré et ayant gardé son piètement d’origine fut sans nul doute la pièce maitresse d’une grande salle d’un palais de Gênes, Milan ou bien Florence.  Il peut être rapproché du Stipo de la Collection du Baron Pasino Bagatti Valsecchi di Belvignate à Milan :

 

 

Bibliographie :

L’Arte del mobile in Italia par Silvanno Colombo.

Il Mobiglio, gli ambianti e le Decorazioni del Rinascimiento in Italia par Augusto Padrini

Il Mobilio in Italia par Augusto Padrini, 1948.