Description
Monté sur de hauts pieds droits, ce meuble de sacristie ouvre à deux vantaux en façade.
Les côtés présentent des panneaux à décors de plis de serviette de grande qualité et bien conservé.
L’intérieur du meuble est peint couleur sang de bœuf.
Sur les deux portes, sont sculptées ce qui semble être des armoiries. Or, s’agissant d’un meuble de sacristie, l’analyse iconographique devient intéressante et nécessaire :
Porte de droite
Dans un écu au fronton arrondi, sont disposés en quinconce cinq motifs identiques : d’une barre horizontale descendent entre cinq et six lignes verticales arrondies à leur extrémité. Il s’agit de la représentation stylisée des cinq plaies du Christ.
Ce sont celles des deux mains et des deux pieds de Jésus provoquées par sa crucifixion. A cela s’ajoute la plaie sur le côté faite par le centurion pour constater sa mort.
Ces plaies sont mentionnées dans l’Evangile de saint Jean et dans l’épisode de la Résurrection et de l’incrédulité de Saint Thomas.
Nicolas Cabasilas, théologien byzantin du XIVe siècle, décrit ainsi le sens profond de la Passion et de la Résurrection de Jésus, comme étant l’Amour de Dieu pour les hommes et ses créatures symbolisé par les plaies qui transparaissent sur le corps du Christ ressuscité, ayant échappé aux lois de la nature.
La première allusion au Quinquepartitum Vulnus se trouve chez Pierre Damien, religieux italien du XIe siècle. Au retour des Croisades et de Terre Sainte, se développe le culte de la Passion et des Saintes Plaies de Jésus-Christ. Cette dévotion obtint son approbation dans l’Eglise pour la première fois au Concile de Lavaur en 1368.
D’autre part, la Confrérie des Cinq-Plaies étaient très répandues dans l’Eglise d’autrefois : elle existait dans de nombreuses villes et villages de France.
Aussi, L’Oraison des Cinq Plaies fut souvent copiée dans dans les manuscrits anciens au XVe siècle.
Porte de gauche
Le symbole sculpté sur la porte gauche de ce meuble de sacristie est plus énigmatique. Placée au centre d’un écu galbé, sur une base large, s’élève une structure sur deux registres, surplombée d’une croix.
Cela pourrait dans une premier temps, évoqué un calice, un des symboles de l’Église. Mais aussi, une tour ou une fontaine.
Ces deux dernières possibilités rejoignent alors la symbolique Mariale et plus précisément les Litanies de la Vierge, longtemps appelées litanies de Lorette.
D’une façon générale, dans le monde catholique, les litanies sont des suites de brèves invocations de Dieu, de Marie ou des Saints. Les litanies ont par définition une nature répétitive, et dans ces prières les formules « Priez pour nous » et « Ayez pitié de nous » sont fréquemment redites.
Les litanies de la Vierge énumèrent toutes les qualités religieuses de la Vierge. On compte une cinquantaine d’invocations de Marie sous différents vocables et titres qui lui furent donnés par la dévotion mariale au cours de l’histoire. D’abord en tant que Vierge, Mère, Reine, puis par quelques évocations d’images bibliques, essentiellement tirées du Cantique des cantiques parmi lesquelles on peut citer : « l’Etoile du Matin, le Trône de Salomon, le Trône de Sagesse, l’Arche d’Alliance, la Cité de Dieu, la Porte du Ciel, la Maison d’or, la Tour d’ivoire, la Tour de David, la Fontaine des jardins, le Puits des eaux vives, la Fontaine scellée, le Jardin Clos, le Vase Spirituel… »
Ainsi ce meuble de sacristie présenterait en partie gauche une évocation de la Vierge et en partie droite un allusion au Christ. Le tout sous la symbolique de la relation entre Dieu et les hommes et donc de l’Eglise.
Bibliographie
LAPIERRE Jean-Pie, Le musée chrétien : dictionnaire illustré des images chrétiennes occidentales et orientales, Editons Seuil, collection Beaux livres, Octobre 2014