Description
Ce Cabinet de la Renaissance lyonnaise dont l’architecture s’affirme aussi bien dans sa structure fidèle aux normes antiques que dans l’ornementation de ses panneaux, révèle la grande maîtrise des ateliers lyonnais qui sont à l’origine de sa réalisation. Sculpteurs et huchiers travaillent ici en symbiose pour exprimer et traduire les perspectives architecturales ultramontaines.
Grâce à l’engouement des commanditaires pour les peintures de la Première Renaissance italienne, redécouvrant les principes mathématiques et l’architecture de l’Antiquité — de nombreux artisans d’art et graveurs italiens vinrent s’établir à la Cour de France. La ville de Lyon fut à cette période un véritable lieu de convergence culturel et marchand.
Ce cabinet deux corps à retrait dévoile quatre vantaux ornés de perspectives en trompe-l’œil sculptés en bas-relief, scandés par une ceinture richement sculptée dissimulant deux tiroirs. De rythme ternaire, ce cabinet présente une corniche offrant au regard une suite de double consoles sculptées de pennes d’oiseau.
Le corps supérieur
Le corps supérieur, allongé, donne une élégance à l’ensemble. Les vantaux du haut présentent un décor architectural traité en miroir composé au premier plan de deux pilastres latéraux à pennes d’oiseau, comportant des fenêtres en partie haute et soutenant un large arc en plein cintre orné de fleurons sculptés. Des feuilles d’acanthe se poursuivent
jusqu’aux écoinçons. La perspective tire son effet de profondeur grâce à une façade montrant deux hauts portiques doriques, surmontés de quatre fenêtres superposées deux à deux.
La sobriété de la composition du Cabinet laisse tout de même une large part à l’ornementation. En effet, la ceinture est scandée de deux tiroirs ornés de larges feuilles d’acanthe sculptées et retombant en leur hauteur en une large moulure godronnée. De part et d’autre, des consoles feuillagées à base denticulée affirment une esthétique typique de la Renaissance.
Le corps inférieur
Concernant la voûte, les vantaux aux perspectives frontales varient de celle du corps supérieur : une double arche en plein cintre à caissons retombe sur une façade à la disposition identique à celle du corps du haut.
Les pennes d’oiseau que l’on retrouve sur les montants, les consoles ainsi que dans les vues en perspective sont des motifs typiques de l’École Lyonnaise de la Renaissance
Un cabinet présentant des perspectives en trompe-l’œil, mais de structure plus sobre, est observable dans les écrits de Mme Jacqueline Boccador.
La patine, la qualité d’exécution et l’originalité du décor font de ce Cabinet à perspectives un beau document de la Renaissance Lyonnaise.
Bibliographie
J.BOCCADOR, Le Mobilier français à la Renaissance, Édition d’Art Monelle Hayot, 1988, p.188-192.