Description
Cabinet sans retrait, ouvrant à quatre vantaux en façade et deux tiroirs en ceinture. La clé du meuble porte la date 1574 au dessus d’un motif de croisillon.
Durant la renaissance l’art du meuble tend de façon diversement rigoureuse à prendre modèle sur le système architectural hérité de l’antiquité par l’intermédiaire de l’Italie du Quattrocento. Ce système est fondé sur un principe de proportions mathématiques et règle chaque partie de l’édifice par référence à une unité conventionnelle de base : le module.
A la différence d’autres écoles françaises, la Bourgogne et le Lyonnais présentent un décor qui, s’il est effectivement inféodé à l’architecture -corniches, termes – n’en présente pas pour autant de façon affirmée les éléments structurels ornementaux classiques telles les colonnes par exemple. Le meuble lyonnais emprunte à l’architecture surtout ses principes d’organisation et de rigueur dans le dessin et dans la répartition des masses.
Sur le corps supérieur cela apparaît par exemple avec la rangée de tiroirs à moulures et palmettes ainsi que la ceinture aux enroulements alternés qui répondent à la corniche couronnant le meuble où consoles et toupies s’alternent. De même un fort sentiment d’équilibre et de symétrie régie les reliefs des vantaux moulurés. Identiques, ceux-ci présentent sur le pourtour des guirlandes de fleurs et de fruits retenues pas des étoffes nouées. Profils, mascarons et choux Bourguignons se mêlent aux enroulements qui structurent les panneaux sommés de frontons interrompus. Au centre de chaque vantail un homme est assis sur un trophée d’armes. Les deux termes latéraux aux traits virils sont représentés enturbannés, vêtus de drapés dans un gaine végétale. Le terme féminin au centre contraste par sa jeunesse et par l’unique guirlande de fruit qu’elle porte en ceinture.
Les côtés sont ornés de cuirs découpés et d’un choux de Bourgogne.
Le corps inférieur du meuble propose aussi trois termes cantonnant les vantaux. Celui du milieu contraste encore par sa féminine jeunesse et ici porte les fruits en coiffe de même que les termes masculins qui sont représentés plus dénudés que ceux du corps supérieur. Les deux vantaux portent au centre des mascarons au relief saillant. Accompagnés d’étoffes nouées et de rosettes sur fond de cuirs découpés les deux visages portent une coiffe garnie de hautes plumes évoquant l’Amérique, un thème en vogue au XVIe siècle favorisé par la diffusion de gravures.
Les côtés présentent aussi des cuirs en un traitement plus complexe, chacun est ouvert en son centre sur un choux Bourguignon.
Meuble de grande qualité à la patine onctueuse dont le travail de sculpture, dispensé à profusion mais non sans rigueur, évoque une origine graphique apparentée à la jeune imprimerie lyonnaise. Le rare décor d’enroulements alternés sur la ceinture et la saillie des termes et mascarons confèrent à ce cabinet un certain rythme.