EXCEPTIONNEL CABINET BURGONDO-LYONNAIS D’ÉPOQUE RENAISSANCE

EXCEPTIONNEL CABINET BURGONDO-LYONNAIS D’ÉPOQUE RENAISSANCE

 

ORIGINE : FRANCE, RÉGION BURGONDO-LYONNAISE
ÉPOQUE : XVIe SIÈCLE, VERS 1580

 

Hauteur totale : 186.5 cm

Corps supérieur
Hauteur : 74 cm
Largeur : 159 cm
Profondeur : 66 cm

Corps inférieur :
Hauteur : 112.5 cm
Largeur : 156.5 cm
Profondeur : 59 cm

 

Bois de noyer rouge

 

Ancienne collection Léonardi avant 1927

 

 

DEMANDE D’INFORMATIONS

 

Retour aux meubles

Catégorie :

Description

Pendant la seconde renaissance l’art du meuble tend de façons diversement rigoureuses à prendre modèle sur le système architectural hérité de l’antiquité par l’intermédiaire de l’Italie du Quattrocento.

Ce système est fondé sur un principe de proportion mathématique et règle chaque partie de l’édifice par référence à une unité conventionnelle de base : le module.

En même temps, les hommes de la Renaissance ont fait la découverte du pouvoir de l’homme sur un monde objectif à sa mesure. Et c’est précisément cette mesure que l’architecte est chargé d’introduire en faisant apparaître les correspondances entre l’homme et le monde.

L’originalité de Lyon se trouve dans le fait que l’architecture classique ne s’y trouve pas analysée comme ailleurs, comme chez du Cerceau ou Jean Goujon. Les meubles lyonnais empruntent à l’architecture surtout des principes d’organisation et de rigueur dans la répartition des masses, négligeant fréquemment les emblèmes architecturaux comme le fronton ou les colonnes.

Sa décoration sera plus inspirée du travail des métaux comme la damasquinure ou même de la gravure, comme ici où le décor de cuirs découpés des vantaux inférieurs et des côtés est inspiré des motifs des vignettes de la jeune imprimerie lyonnaise d’estampes.

Sur cet exceptionnel cabinet de la région lyonnaise se mêlent d’ailleurs des influences bourguignonnes apparues après la publication à Lyon, en 1572, par Hugues Sambin de son recueil « De la Diversité des Termes  » et par la connaissance de son travail à Dijon.

En même temps que les cabinets accueillent plus facilement les termes en faune comme support latéraux, leurs panneaux voient naître une vie fantastique dans laquelle se mêlent des macarons, des masques et des cuirs découpés et enroulés ainsi que des chimères.

Ce meuble à deux corps superposés et corps supérieur en retrait présente en façade et sur les côtés une riche ornementation d’une qualité d’exécution remarquable dont certains éléments sont particulièrement rares.

Il s’agit de l’entablement et de la corniche fortement débordante reposants sur deux colonnes en balustre dont la partie plafonnante est sculptée de rosaces et fleurs entourées d’un cuir de forme carrée les reliant entre elles.

 

Corps supérieur

Entre les pilastres cannelés à chapiteau ionique orné d’un ove placé sur les montants, les deux vantaux d’ouverture sont de taille inégale ; celui de droite portant sur son dormant le troisième pilastre qui confère à ce meuble son aspect d’architecture à rythme ternaire.

Les deux panneaux sont sculptés d’un décor identique de semi-portiques à frontons triangulaires inversés. Entre les colonnes figure un motif, un calice d’acanthe que l’on trouve aussi sur la clôture de la chapelle du Saint-Esprit du Palais de Justice de Dijon œuvre attestée d’Hugues Sambin et aussi sur la porte de la salle Saint Louis du même Palais qui lui est attribué.

Entre les soubassements des colonnes on aperçoit un masque : masculin à gauche, féminin à droite.

En acrotère sur les pentes des frontons on découvre : à gauche un carquois rempli de flèches, à droite une guirlande de fruits.

Ces éléments combinés suggèrent l’hypothèse d’un meuble de mariage sur lequel figurent les époux et les attributs correspondant à leur fonction dans le mariage.

De part et d’autre, deux termes à tête d’aigle cantonnent les colonnes.

L’entablement déborde sur les trois côtés et repose, à l’arrière sur des pilastres cannelés, à l’avant sur deux colonnes en balustre partiellement

cannelées. Il est sculpté en façade d’un rang de piastres et dessous, d’une ligne unie ponctuée de groupes de cinq glyphes.

La corniche débordant de l’entablement est ornée d’une ligne où apparaissent en alternance trois rectangles et cinq glyphes et d’une autre sur laquelle un ruban ondule entre des feuilles et des roses ; elle repose sur des consoles sculptées de courtes pennes d’oiseaux, en frise.

 

Corps inférieur

Il repose à l’avant sur des pieds sculptés d’oves et sur une base sculptée.

Scandé lui aussi de trois pilastres cannelés à chapiteau ionique (le pilastre central sur le dormant du vantail de droite) il présente deux vantaux ornés d’une sculpture de très grande qualité mêlant un cuir découpé et des plantes identiques en haut et en bas qui en émergent. Sur les côtés l’enroulement du cuir se termine en feuille d’acanthe.

Le centre du cuir est occupé par un important masque lauré représentant : une femme à gauche, un homme à droite. On doit y voir la représentation des époux qui reçoivent ce meuble en cadeau.

Au-dessus en ceinture, une frise de puissants godrons inclinés vers l’extérieur du meuble masque deux tiroirs à prise pendante.

Les tables entre lesquelles sont placés les tiroirs sont sculptées.

L’une, de feuilles de laurier enfilées les unes dans les autres, l’autre d’une frise de courtes pennes, sauf dans la partie centrale où ce décor laisse place à une alternance de grenades éclatées et de demi-rosaces.

 

Les côtés

Ce meuble de grande qualité est entièrement sculpté sur les côtés d’un décor très semblable, mais de taille différente en haut et en bas, entre deux pilastres cannelés à chapiteau ionique.

Il s’agit d’un cuir découpé ouvert en son centre qui laisse voir ce beau décor de calice d’acanthe spécifiquement bourguignon comme nous l’avons montré plus haut.

Nous présentons ici un meuble de grande qualité dans le travail de sculpture dispensé à profusion sur tous les éléments, mais aussi de conception peu courante qui confirme l’originalité des meubles de cette région lyonnaise. En effet bien loin d’avoir été seulement la proie d’influences diverses auxquelles la prêtaient sa situation géographique et ses importantes relations commerciales, Lyon a su habilement combiner ses éléments dans une synthèse irréductible, au sens de la mesure sans comparaison avec celui les autres régions voisines, Provence ou Bourgogne.