Description
Harmonieux dans sa conception, aux lignes sobres et élégantes et à l’ornementation variée, ce cabinet illustre la production de la seconde Renaissance française. Son décor confère en outre à ce meuble sa richesse et son mouvement.
Corps inférieur
Sur une base moulurée à décor de feuilles d’eau s’élève le corps inférieur. Il s’ouvre par deux vantaux dont les panneaux, inscrits dans des cadres sculptés de frises à motifs variés, sont décorés de cuirs découpés sur lesquels s’épanouissent des motifs végétaux stylisés, sculptés en faible relief, composant des arabesques organisées autour d’un mufle de lion. De part et d’autre, les montants sont ornés de feuilles de laurier et le faux dormant, d’une longue tige feuillagée.
En ceinture, séparés par trois consoles garnies de feuilles, les deux tiroirs sont décorés de palmettes.
Corps supérieur
Le corps supérieur est placé en retrait. Plus étroit que le précédent, il présente en façade un large vantail, dont le cadre mouluré est travaillé de motifs de palmettes et de frises.
Le panneau reçoit un décor plus original. Deux chimères adossées, au corps feuillu, soutiennent un fronton inversé. Au centre, se trouve un mascaron tandis qu’un aigle déploie ses ailes en partie supérieure.
Ce vantail est cerné par deux termes richement sculpté au relief plus accusé, dont les gaines sont garnies d’une tige de feuilles. L’un représente un buste d’homme barbu et l’autre, un buste de femme. Tous deux sont couronnés des grappes de fruits et de fleurs. Leurs tailles sont agrémentées d’une guirlande de fruits.
La corniche moulurée est sculptée d’une frise d’oves.
Sur les côtés, les panneaux sont ornés de rosaces.
Le décor de ce meuble s’étage en registres totalement indépendants les uns des autres, nettement délimités par des moulures très saillantes : ainsi les tiroirs se dégage visuellement du corps du bas.
Illustrant l’importance de la culture ultramontaine dans les motifs ornementaux de la seconde moitié du XVIe siècle, ce cabinet fait la part belle au vocabulaire antiquisant – palmettes, acanthes, oves, termes, faune fabuleuse… Cette large diffusion du répertoire antique fut permise notamment grâce à l’usage de la gravure, où les huchiers et ymagiers puisaient leur inspiration.
La réunion de tous ces éléments, l’abondance et la qualité de la sculpture concourent à rendre ce cabinet de la Seconde Renaissance française tout à fait remarquable. Le très beau noyer utilisé pour la réalisation de ce meuble, sa patine admirable lui confère un charme indéniable.
Bibliographie
Jaques THIRION, Le mobilier du Moyen-Age et de la Renaissance en France, Edition Faton, 1998
J.BOCCADOR, Le Mobilier français à la Renaissance, Édition d’Art Monelle Hayot, 1988