Description
Cette sculpture en bois comportant encore une belle polychromie représente Saint Jean-Baptiste, le dernier des prophètes de l’Ancien Testament et le premier martyr du Nouveau, clairement identifiable grâce à l’Agneau qu’il porte de sa main gauche. La manière avec laquelle le sculpteur a traité le visage dégage une force spirituelle héritée des siècles précédents.
Saint Jean-Baptiste est représenté pieds nus, assis dans une attitude hiératique sur un siège dont on peut apercevoir les montants de part et d’autre. Son visage long et fin est souligné par une barbe et une moustache. Son nez à l’arrête droite ainsi que ses grands yeux dont les globes paraissent légèrement exorbités indiquent sans aucun doute son origine ibérique. Cette dernière s’exprime également dans l’expression résignée du Saint.
Sa chevelure, séparée par une raie médiane encadre son visage en dégageant deux oreilles.
Il est vêtu d’une tunique rouge-orangé au plissé souple qui suit la forme du corps, serrée à la taille par une fine ceinture, à l’encolure arrondie laissant les pieds découverts. Un pan de son manteau vert recouvre en tablier ses genoux et tombe en longs plis stylisés.
Se conformant à l’iconographie, Saint Jean-Baptiste désigne de sa main droite, l’agneau posé sur un livre qu’il tient dans sa main gauche. Cette représentation fait écho à la phrase que prononça Jean-Baptiste avant de baptiser Jésus « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1, 29).
Le XIVe siècle espagnol apparaît comme une période de transition dans le domaine artistique. La statuaire garde en effet certaines caractéristiques appartenant encore aux habitudes des siècles passés tout en développant de nouvelles solutions formelles.
La posture encore hiératique de ce Saint Jean-Baptiste, ses proportions fines et allongées, le respect du symbolisme oriental dans le geste du saint autant que dans son regard en légère exophtalmie ainsi que la présence d’un drapé souple sont les caractéristiques traditionnelles de la sculpture du XIIIe siècle.
En revanche le drapé montre une évolution par rapport au siècle précédent. En effet, si le drapé manque encore de naturel, l’artiste a pris un soin particulier à traiter les plis et les chutes du vêtement qu’il a tenté de rendre plus souples et plus justes.
Ces quelques caractéristiques, l’alliance entre tradition et évolution, sont autant d’indices qui permettent de dater cette œuvre de la fin du XIIIe – début du XIVe siècle.
VIE DE SAINT JEAN BAPTISTE
Jean Baptiste, fils d’Elizabeth cousine de la Vierge Marie et du prêtre Zacharie, était le cousin de Jésus.
A l’adolescence il se retira dans le désert de Judée pour y mener une vie ascétique, se nourrissant de sauterelles, et prêchant la pénitence jusqu’à l’arrivée de Jésus qu’il reconnu comme le Messie, au bord du Jourdain. Celui-ci s’avança pour lui demander le baptême, par lequel devait débuter la prédication du Christ.
Sa prédication provoqua parmi le peuple une grande effervescence qui entraina son arrestation.
Saint Jean-Baptiste est emprisonné en l’an 29 dans la forteresse transjordannienne de Macharé par le tétrarque de Galilée, Hérode-Antipas, dont il avait osé censurer le mariage avec Hérodiade, qui était à la fois sa nièce et sa belle sœur. Il est décapité à la demande de Salomé, fille d’Hérodiade. En effet Hérode subjugué par la danse spectaculaire que celle-ci venait d’effectuer sous ses yeux lui accorda par avance le vœu qu’elle formulerait.
Saint Jean Baptiste nommé le Précurseur est le premier dans la hiérarchie des saints et sa primauté est reconnue dans la liturgie.
La popularité de saint Jean Baptiste est attestée très tôt par le nombre important de ses reliques mais aussi par la multitude d’églises placées sous son vocable.
Bibliographie
Jacqueline LIEVEAUX-BOCCADOR, Edouard BRESSET, Statuaire médiévale de collection, Tome I, Les clefs du temps, Milan, 1972