Description
Historique
Le mobilier lyonnais de la Seconde Renaissance française (1540-1590) se distingue tant par sa structure que par son ornementation, qui lui confèrent une véritable identité.
L’architecture inspire alors le mobilier et semble régir sa composition d’ensemble autant que ses proportions. Les menuisiers lyonnais retiennent surtout de l’architecture des principes d’organisation et de rigueur dans la répartition des masses.
En outre, l’école lyonnaise se caractérise par l’emploi de procédés ornementaux d’origine graphique. Ces compositions décoratives, faites de vermiculures et d’enroulements enserrant des mascarons, privilégient l’effet de surface, grâce à une sculpture en méplat. Les huchiers et sculpteurs empruntèrent sans doute ces procédés graphiques aux graveurs de la jeune imprimerie lyonnaise ou bien encore aux supports textiles sur lesquels panaches, palmettes et volutes végétales s’associent aux enroulements de cuir.
Description
D’une composition sobre, stricte et équilibrée, ce meuble se compose de deux corps superposés reposant sur une base à ressauts, surmontant des pieds boules aplaties. Le corps supérieur ne comporte pas de retrait mais reprend les dimensions du corps inférieur, conférant au meuble un équilibre parfait.
Une ceinture à deux tiroirs sépare les deux corps par deux larges ressauts. Les montants et les dormants, ornés de feuillages, impriment au meuble un rythme ternaire. De cela résulte une savante composition tant horizontale que verticale.
Ce très élégant meuble présente un beau décor végétal répartit symétriquement sur les quatre vantaux. Les panneaux sont animés d’un ensemble de rinceaux nerveux et vermiculés qui s’entremêlent et s’organisent autour d’un mascaron de putti ailé. De ces rinceaux jaillissent des têtes d’animaux au bec crochu. Les quatre panneaux sont cernés d’un cadre légèrement mouluré et assemblés à coupe d’onglet ornés de petites stries.
Les panneaux latéraux sont quand à eux laissés vierges d’ornementation.
Les deux tiroirs en ceinture sont séparés par un mascaron posé sur une draperie, tandis que de part et d’autre se trouvent des têtes de putti ailés. Les tiroirs sont décorés d’entrelacs agrémentés de fleurs. Sur les moulures saillantes se déploient des frises feuillagées.
Une corniche couronne le meuble. L’entablement est sculpté de longues feuilles et de fleurettes encadrées par des têtes de putti ailées.
Ce rare cabinet en noyer à la très belle patine est un bel exemple de la production lyonnaise de la seconde moitié du XVIe siècle, qui allie l’harmonie des proportions à une belle sculpture en bas-relief couvrant presque en totalité la surface des panneaux.
Tout à fait caractéristique de son temps et du lieu où il fut réalisé, ce meuble présente un caractère unique. Le désir de rigueur fut sans doute le maître mot lors de la réalisation de ce cabinet.
Bibliographie
Jacqueline BOCCADOR, Le Mobilier français du Moyen Age à la Renaissance, Éditions d’art Monelle Hayot, 1988
Jacques THIRION, Le Mobilier du Moyen Age et de la Renaissance en France, Edition Faton, 1998
Ludmila VIRASSAMYNAÏKEN (dir.), Arts et Humanisme, Lyon Renaissance, Somogy éditions d’arts, Paris, 2015