Description
Cette scène du Christ en prière au Mont des Oliviers fait suite à la Cène et précède l’Arrestation. Cet épisode est relaté dans trois Evangiles (Matthieu 36, 36-46 ; Marc 14, 32-42 ; Luc 22, 39-46). Les artistes illustrèrent majoritairement la version de Luc dans laquelle Jésus est agenouillé tandis que dans les deux autres Evangiles, il se prosterne, face contre terre.
Ce thème connu un important succès à la fin du Moyen-Age, notamment dans les régions germaniques. Cet intérêt est en lien avec la dévotion populaire et la liturgie de cette époque. En effet, les penseurs mystiques incitaient les croyants à méditer sur les douleurs du Christ en contemplant le cycle de la Passion. Ainsi, les fidèles qui priaient pour leur rédemption s’identifiaient à la figure de ce Christ en prière à l’approche de sa mort, se sacrifiant pour racheter l’humanité.
A partir du XVe siècle, la célébration au soir du Jeudi Saint pouvait se dérouler à l’extérieur de l’église, devant des représentations grandeur nature de cet épisode du Christ au Mont des Oliviers.
Des représentations de petites dimensions étaient destinées à un usage privé, pour décorer des chapelles ou oratoires domestiques. Ces reliefs pouvaient également faire partie d’un ensemble plus vaste représentant différentes scènes bibliques.
Après avoir partagé son dernier repas avec ses disciples, le Christ se rendit au jardin de Gethsemani, au mont des Oliviers. Ce lieu-dit désignait un clos, sans doute une olivette. Il était accompagné de Pierre, Jacques le Majeur et Jean. Ces derniers s’assoupirent pendant que leur maître priait.
Au premier plan, Jésus est agenouillé. Les mains jointes il prie, seul, angoissé à l’approche de son supplice. Ses pieds sont nus. Il est vêtu d’une longue tunique dorée. Le lourd tissu se creuse de plis profonds. Les mèches de sa chevelure bouclée se répandent dans son dos.
Derrière lui sont représentés les trois apôtres. Pierre et Jean sont figurés selon l’usage – l’un âgé, chauve et barbu, l’autre jeune, imberbe, avec une abondante chevelure bouclée. Ils sont tous les deux assis, la tête appuyée sur une main, profondément endormis. Jacques est caché derrière l’épaule de son frère et l’on aperçoit que le haut de son crâne.
La scène prend place au milieu d’escarpements rocheux, qui évoquent le cadre de la scène évangélique, le Mont des Oliviers. A droite est sculpté un olivier très fourni.
Un sentiment de plénitude, très fort se dégage de ce bas relief important. Les visages, les drapés sont finement dessinés.
Cette représentation est très proche de la gravure de Martin Schongauer, La Prière du Christ au mont des Oliviers, vers 1480. On retrouve la même attitude du Christ agenouillé, tête levée et les mains jointes.
Martin Schongauer, vers 1475-1480,La prière au Mont des Oliviers, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris