Description
Ce petit cabinet ouvrant à deux vantaux en façade et un tiroir fait la synthèse de différentes techniques très en faveur durant la Renaissance italienne, la sculpture et la marqueterie.
Parfaitement architecturé, il imite les façades de temples antiques.
Les deux vantaux sont encadrés de deux pilastres qui s’élèvent sur une base moulurée en légère saillie. La base décorée d’une rosace encadre un long tiroir. Les pilastres sont sculptés de motifs végétaux. Deux chapiteaux à corbeille d’acanthes les couronnent et supportent un puissant entablement dont la corniche est particulièrement débordante. Une frise d’étoiles en certosina se déploie entre deux belles fleurs.
Chaque vantail est divisé en deux panneaux presque carrés cernés d’un filet de marqueterie à motifs géométriques. Les panneaux supérieurs sont décorés de fins rinceaux formant des entrelacs tandis que les deux panneaux inférieurs sont sculptés de fleurs à double corolles
Une frise de rinceaux encadre symétriquement un blason.
Les petites et élégantes proportions de ce cabinet, la vigueur de sa sculpture et le raffinement de sa marqueterie et de ses volumes en font un meuble de grande qualité.
HISTORIQUE
Florence abritait, à la fin du XVe siècle, de très nombreux ateliers de marqueterie et de sculpture sur bois. C’est entre 1470 et 1520, que se situe l’âge d’or de l’intarsia, la marqueterie de bois.
Au cours du XVe siècle l’intarsia se cantonnait à des frises légères, sobres et distribuées avec parcimonie.
Ce mobilier isfoggiato (par opposition au meuble de foggia très réglementé : une seule essence de bois, corniches interdites, épaisseur homogène des planches) était une véritable dépense somptuaire nécessitant pour leur réalisation une autorisation de l’Arte dei Legnaioli et le paiement d’une taxe.
Souvent rapproché stylistiquement des artisanats proche-orientaux dont on trouvait certains cercles à Venise ou à Florence, c’est davantage de la cosmatesque (mosaïque de pierre) qu’il faut chercher l’origine de l’intarsia. Par la technique aussi bien que par le style, le travail des marbriers Cosmati et de leurs successeurs, appliqué aux pavements d’églises et à des pièces tels que des parements muraux ou des ambons, conduit à voir dans l’intarsia une véritable évolution, dérivation de cet artisanat. Il était courant que certains des meilleurs marqueteurs de bois comme Domenico del Coro ou Pietro del Minella soient aussi employés à la réalisation de pavement d’églises.
L’intarsia elle-même se divise en plusieurs variétés qui diffèrent par leurs procédés aussi bien que par leur aspect.
Sur ce cabinet domine la certosina ; une marqueterie composée de pièces de petites dimensions et affectant le plus souvent des formes géométriques. Étymologiquement la certosina désignait un travail fait par les chartreux. Les disciples de Saint Bruno se sont appliqués pendant des siècles à des travaux manuels, des travaux de patience destinés à décorer d’incrustations de bois, de marqueterie d’os, d’ivoire, de nacre ou d’étain le mobilier ecclésiastique.
La certosina se développe rapidement au-delà de l’ordre monastique, dans les ateliers florentins entre autres. Quand apparaît l’intarsia pittorica, la certosina ne disparaît pas pour autant et se maintient en se conjuguant à des motifs plus amples et complexes sous une forme secondaire de bandes, frises et corniches.