Description
HISTORIQUE
Officier dans l’armée romaine, saint Georges traversait une ville en proie à un dragon vorace qui dévorait ses habitants. Pour apaiser la faim du monstre, les villageois lui offraient des moutons, mais lorsque tout le bétail fut sacrifié, deux jeunes gens furent tirés au sort.
Un jour, le sort désigna la fille du roi, contrainte d’être livrée au dragon. Engageant un combat pour la sauver, saint Georges, sur son cheval, triompha du monstre en le transperçant de sa lance. Afin de symboliser la victoire de la foi sur le Mal, les différentes versions de la légende s’achèvent par la mort du dragon. Toutefois, la Légende Dorée, de Jacques de Voragine affirme que la créature fut uniquement blessée et que le saint l’aurait trainé, enchainée, à ses côtés. Avant de quitter la ville, saint Georges distribua aux pauvres l’argent que lui avait donné le roi en récompense.
Après sa victoire sur le dragon, vint la passion du saint. En effet, saint Georges fut martyrisé pour avoir refusé de sacrifier aux idoles païennes pendant la persécution de Dioclétien. Le saint subit de nombreux sévices physiques dont il survécut miraculeusement. Il fut finalement décapité et son corps saint fut récupéré par un ange.
CULTE
Le culte voué à saint Georges apparait en Orient où il est longtemps resté localisé en Palestine à Lydia et chez les Coptes en Égypte. Le culte s’est ensuite étendu à Constantinople où un monastère lui est dédié, Saint-Georges-de Manganes.
Contrairement à une idée communément admise, le culte de saint Georges fut introduit en Occident avant l’époque des Croisades. En effet, de nombreux lieux de culte furent placés sous son vocable antérieurement à cette période. Toutefois, il est avéré que les Croisés adoptèrent son patronage en Terre Sainte, de nombreuses légendes racontent que le saint leur serait venu en aide.
Saint Georges est alors un véritable modèle qui symbolise les vertus chevaleresques. Il est ainsi le saint patron des chevaliers et des cavaliers, des archers et des arbalétriers ainsi que de leurs fournisseurs. Il est nommé patron des villes de Gênes et de Venise, patron des chevaliers de l’Ordre Teutonique en Allemagne, et saint national en Angleterre.
Sa popularité date du règne de Richard Ier qui se plaça, pendant la croisade, lui et son armée, sous la protection de saint Georges.
A partir du XVIème siècle, le culte du saint perd sa raison d’être quand l’artillerie remplace les combats singuliers à la lance et à l’épée. La Réforme lui porte le coup de grâce.
L’iconographie du saint se divise en deux grandes représentations : une équestre, où le saint se dirige vers le dragon, et une pédestre, où le saint terrasse la créature. Ces deux images traduisent les différentes étapes de l’histoire relatée. Les scènes de son martyre sont également représentées, le saint apparaît alors comme un saint céphalophore, tenant sa tête dans ses bras. Les attributs principaux de saint Georges sont la lance ou l’épée ainsi que l’armure.
DESCRIPTION
Cette sculpture polychrome représente saint Georges debout, le pied sur le dragon qu’il terrasse d’un coup de lance. Cette image est l’une des plus évocatrices de l’iconographie de saint Georges. Il est représenté jeune et imberbe, en armure d’infanterie, typiquement allemande, du fait de la longueur de la braconnière qui protège les cuisses du saint. L’armure recouvre tout son corps, du cou, avec le gorgerin jusqu’au pied avec les solerets. L’armure est réaliste grâce à la précision des pièces la composant et de ce rehaut argenté qui lui donne une patine aux reflets métalliques
Le saint est coiffé d’un chaperon à bords relevés de couleur brune, laissant apparaître une chevelure bouclée descendant au bas de sa nuque.
Le visage du saint semble serein et son attitude maîtrisée, symbole des vertus chevaleresques.
Concernant la posture, saint Georges lève son bras droit et plie le gauche afin de planter sa lance dans la gueule du dragon. Il est en contrapposto, le pied gauche écrasant le long cou du monstre.
Le dragon, quant à lui, est semblable à une salamandre affublée de grandes oreilles en pointes et d’une grande crête dentelée sur son dos. La créature ouvre sa gueule et tord son cou de douleur. Une couleur verte recouvre sa peau, et des rehauts de rouge se situent à l’intérieur de sa gueule et de ses oreilles.
Cette pièce exceptionnelle est le reflet d’un remarquable travail sculptural, du fait de l’harmonie qui se dégage de la composition, de la précision des détails et des expressions, ainsi que de l’apport de la polychromie qui anime cette scène.
BIBLIOGRAPHIE
Louis Réau, Iconographie de l’Art Chrétien, Presses Universitaires de France, 1958