Description
Une tradition commune unit les meubles flamands, du nord de la France, à la Hollande : l’usage de bois de chêne, l’importance des buffets dont les formules dérivent du coffre, et le goût pour un riche décor sculpté. Ce Cabinet Ribbank, de très belle facture en est un parfait exemple.
Constitué de deux corps superposés sans retrait, il présente une belle ornementation élaborée à partir de termes, putti et masques léonins ainsi que de panneaux géométriques. L’ensemble est organisé selon une structure pleine de rigueur en liaison avec l’architecture antique.
Très apprécié depuis la redécouverte du traité d’Architecture classique du romain Vitruve et la traduction en 1539 de celui de l’architecte italien Serlio « Quatre livres d’architecture », l’Architecture inspire la construction des meubles et notamment celle de celui-ci nommé Ribbank.
Ces travaux de recherche étaient indispensables pour les huchiers et les sculpteurs de la Renaissance et ils inspirèrent la préparation d’une autre publication, concernant aussi les Cinq ordres, par un dessinateur flamand celui-là, Hans Vredeman de Vries, suivi vers 1580 par des dessins de motifs ornementaux pour le mobilier.
C’est selon un rythme ternaire pour le corps inférieur et quaternaire pour le corps supérieur, que le meuble se développe. Il déploie sur la totalité de sa façade un décor foisonnant, profondément sculpté.
Le corps supérieur
Richement orné il présente trois vantaux séparés par des cariatides masculines aux angles et féminines au centre, qui habillent les montants.
A gauche, une figure d’âge mûr, à la barbe finement sculpté et gainé en coquille et enroulements, se termine en une queue de poisson bifide aux écailles bien détaillées.
La femme suivante, à la poitrine apparente est, elle gainée de motifs renaissants laissant imaginer de loin, un masque figuré.
Il en est de même pour la troisième cariatide.
La dernière se présente sous la forme d’un jeune homme regardant vers les cieux, gainé d’une coquille aux vagues ondulées et d’une queue de poisson bifide rappelant le premier.
Les trois vantaux, ornés d’une frise d’ove sur le pourtour sont constitués d’une figure d’angelot en haut relief centré au cœur d’une étoile qui évolue en un réseau géométrique traités en relief de caissons moulurés, imitant une marqueterie en perspective.
Le motif végétal s’ordonne sur les consoles et sur le double entablement, scindé de masques léonins tenant un anneau de fer dans la gueule, et putti ailés évoluant au sein d’arabesques feuillagées.
La ceinture rythmée de mufles proéminants est, elle aussi arborée de toute une fresque florale, agrémentée de fruits, d’aigles et d’un médaillon.
Le corps inférieur
Composé de deux vantaux et quatre panneaux à caissons géométriques centré chacun d’un masque léonin, semblant sortir du meuble. Les montants latéraux portent également des figures de lions tenant dans leur gueule des chutes de fruits des plus luxuriants. En base, une frise arborescente répond à la corniche supérieure
Cette géométrie tout à fait typique que l’on retrouve sur les deux corps, rappelle les motifs de l’architecture d’intérieure, et dérive des parquets et des plafonds des appartements de la riche bourgeoisie flamande.
Ce Cabinet Ribbank, sculpté avec beaucoup de verve, présente ainsi les deux thèmes récurrents dans le mobilier flamand à savoir les putti chevauchant des volutes et le réseau géométrique aussi compliqué que puissant des panneaux à caisson.
Ce rare Ribbank, aux proportions équilibrées, au décor sculpté puissant et animé, fournit un précieux témoignage sur les intérieurs d’une des bourgeoisies les plus opulentes et les plus actives d’Europe.