Description
Dès la seconde moitié du XVIe siècle, le coffre se transforme. Sa structure se fait alors particulièrement architecturée tandis que l’on réserve une place majeure à la sculpture et à l’image. La façade n’est alors plus divisée en petits panneaux séparés par des pilastres, ni par des arcatures mais elle est composée d’un seul panneau sculpté et souvent accompagné aux extrémités de termes et de cariatides. Les sculpteurs y développent des scènes mythologiques et bibliques. L’Ancien et le Nouveau Testaments deviennent alors des sources d’inspiration pour orner des meubles dont l’usage pouvait être aussi bien civil que religieux.
Souvent, les artistes en sculptant les panneaux de coffres ou de cabinets s’inspirèrent des gravures réalisées par Bernard Salomon et qui servirent à illustrer en 1553 Les Quadrins Historiques de la Bible, de Claude Paradin.
Sur les côtés, les panneaux sobres sont encadrés par deux mêmes termes. Une poignée de fer forgée se trouve au milieu du panneau.
Le dessus est encadré par une moulure saillante. Il est attaché au corps du coffre par des pentures finement travaillées, à décor de feuilles.
La ferronnerie joue un rôle très discret, mais le travail est de grande qualité.
Au confluent des influences allemandes, flamandes et italiennes, ce coffre témoigne, au cœur du XVIe siècle, de la production artistique des villes en pleine mutation, qui métamorphosent l’or tiré du commerce et de la banque en œuvre d’art, signes et témoins de leur prestiges.
Des Flandres, l’Allemagne emprunte le décaissement de ses couvercles. De plus, issus de l’Italie, la thématique de l’arabesque séduit les ornemanistes des pays germaniques autant que l’intérêt pour la figure humaine, avec un sens du portrait qui prend le pas sur la reproduction de types. Le goût pour l’architecture se retrouve dans la transformation des montants en termes et provient là encore de l’influence italienne.
Les portraits ainsi que les termes tous masculins laissent penser qu’il pourrait s’agit d’un coffre de confrérie.
Un coffre similaire dans son ornementation est conservé au musée de Hamm, en Allemagne.
Gravure de Bernard Salomon illustrant le Sacrifice d’Abraham, dans
Claude Paradin, Les Quadrins Historiques de la Bible, 1553.
Parmi les thèmes retenus par les artistes, celui du Sacrifice d’Abraham tient une bonne place. On le retrouve ainsi sur un panneau d’un dressoir attribué à Hugues Sambin conservé au Musée des Beaux-arts de Dijon (CA T 903) ou encore un coffre présent dans les collections du Musée national de la Renaissance à Ecouen.
Coffre, collections du Musée national de la Renaissance à Ecouen
Panneau du dressoir attribué à Hugues Sambin,,
Musée des Beaux-arts de Dijon (CA T 903)
Le coffre que nous présentons présente lui aussi cette scène du Sacrifice d’Abraham.
Il repose sur deux pieds boule-aplatie sculptés de godrons. Une frise de rose et de canaux souligne le bord inférieur du coffre.
La façade est décorée d’un long panneau sculpté d’une scène biblique et encadré de part et d’autre de deux personnages, un homme, une femme, vêtus d’une simple draperie autour de la taille et portant une coiffe de plumes stylisés.
Sur ce remarquable panneau est sculpté avec beaucoup de finesse le Sacrifice d’Abraham, épisode au cours duquel Dieu mit la loyauté d’Abraham à l’épreuve en exigeant qu’il lui sacrifie son fils Isaac. Abraham est le personnage central de la scène. Il se tient debout, vêtu d’une tunique, coiffé d’un turban. Il brandit son sabre, tenant entre ses doigts les cheveux de son fils.