Description
La Naissance du Christ est brièvement relatée dans l’Évangile de Luc (2, 7). Afin de combler les lacunes laissées par le trop court récit de Luc, les Apocryphes, les auteurs et les artistes ont brodé à cette histoire une multitude de détails pittoresques.
A partir du XIVe siècle et plus encore au XVe siècle, le thème de l’Adoration de l’Enfant se substitue dans l’art d’Occident au thème byzantin de l’Accouchement. Au lieu d’être couchée au-dessous du nouveau-né emmailloté reposant dans la crèche, la Vierge se tient désormais agenouillée, les mains jointes devant l’Enfant nu. Ce changement fût probablement accéléré par la popularité des Révélations de sainte Brigitte de Suède à qui la Vierge serait apparue pour reconstituer sous ses yeux la façon dont elle avait enfanté Jésus (Revelationes, VII, chap. 21).
Sous un édifice de bois au toit de chaume, la Vierge adore à genoux l’Enfant Jésus. Elle porte une somptueuse robe rouge sous un épais manteau doré. Ses cheveux blonds ondulés sont à demi-couverts. Le nouveau-né est couché sur un lit de paille. Joseph à la barbe bifide, fait pendant à la Vierge. Il est vêtu d’une tunique et d’un manteau et porte une bourse à la taille. Sa tenue nous rappelle le long voyage qui les mena lui et Marie jusqu’à Bethléem.
Deux femmes accompagnent la scène. L’une passe la tête par la fenêtre de l’étable pour observer la Sainte Famille tandis que l’autre est agenouillée, en prière devant l’Enfant divin. Le riche vêtement de cette femme pourrait nous indiquer qu’il s’agit d’une donatrice. Toutefois, il pourrait également s’agir de la représentation des deux femmes qui assistèrent à la naissance du Christ, Zelemi et Salomé. Salomé, l’incrédule, qui ne voulait pas croire à la conception virginale du Christ est à l’écart de la Nativité. L’artiste a représenté ce doute par une expression qui traduit l’inquiétude sur son visage. Zelemi, la croyante, au contraire est récompensée par une place d’honneur, au cœur même de la scène, près de Marie.
A gauche, l’âne et le bœuf qui ont accompagné Marie et Joseph jusqu’à Bethléem observent tranquillement la scène.
Au premier plan, deux anges tiennent un phylactère sur lequel on peut encore deviner un extrait du Gloria : « Gloria in excelsis Deo ». L’un des anges est vêtu d’une cape bleue et l’autre d’une cape rouge. Ces deux couleurs sont très significatives puisque si le bleu symbolise au Moyen Age, l’espoir, le rouge est un symbole de charité, illustrant ainsi l’espérance du salut de l’humanité avec la venue de Jésus et son sacrifice.
Au-dessus de la scène principale, un petit berger fait paître son troupeau de moutons au milieu des arbres. Perchée sur un promontoire rocheux, deux villes sont ceintes d’imposants remparts.
Ce relief est l’œuvre d’un artiste très habile et imaginatif. Il fît preuve d’un talent exceptionnel. Il soigne le réalisme de l’œuvre grâce à la multiplication des détails. La finesse de la sculpture est accentuée par la polychromie très bien conservée.
Ce moment clé du Nouveau Testament est transposé dans un contexte contemporain, grâce à la tenue des personnages ainsi que la scène de vie rurale. Ainsi, le caractère universel de la scène est intensifié tout en facilitant une meilleure compréhension de ses contemporains.
Ce souci du détail, le réalisme pittoresque de la scène ainsi que l’extraordinaire rendu des étoffes laissent supposer qu’il fût réalisé par un artiste flamand de la fin du XVe siècle.
Ce relief peut être rapproché du panneau de la Nativité du retable de Saint-Vaast, réalisé par Jacques Daret, entre 1433 et 1435, aujourd’hui conservé au Musée Thyssen-Bornemisza de Madrid.
Bibliographie :
Louis Réau, Iconographie de l’Art chrétien, II/2, Presses Universitaires de France, Kraus Reprint, Millwood, 1988