Description
Très populaire à la fin du Moyen-Âge, dans la péninsule ibérique, le thème iconographique de la Sainte Anne Trinitaire réunit trois personnages et trois générations dans une trinité jusqu’alors inhabituelle.
Le thème se développe dans le cadre du culte rendu à Sainte Anne. Absentes des textes canoniques bibliques, la figure et l’histoire de la sainte proviennent du récit apocryphe grec du Protévangile de Jacques ainsi que de son adaptation latine, l’Évangile du Pseudo-Matthieu. En outre, la propagation des récits de La Légende dorée rédigée entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine en assied définitivement l’installation dans la culture populaire.
La figure de Sainte Anne occupe ici une position dominante. En posture de majesté, elle est sculptée dans un beau bois de noyer polychromé et évidé en son dos. Elle trouve séance sur un banc trône orné et mouluré en partie supérieure et inférieure. Coiffée d’un voile formant guimpe, elle entoure l’épaule de la Vierge de sa main gauche, assise sur ses genoux. Celle-ci portait à l’évidence une couronne. Sur ses genoux à elle, l’Enfant Jésus bénit de sa main droite, tandis que de l’autre, et tout comme sa mère, présente la sphère du monde.
Cette sculpture de caractère populaire dénote un certain archaïsme à plusieurs registres.
Premièrement, par la composition superposée des personnages.
Deuxièmement, par les postures droites, bien ancrées, avec des épaules encore tombantes et des mains assez poignantes.
Enfin, le traitement des vêtements aux plis longilignes, avec le manteau revenant en tablier sur le devant, qui tombent en plis à godets, laissant apparaître les souliers pointus.
Cette Sainte famille, aussi appelée en Espagne la Santa Generacio, rejoint par ses proportions l’Art de la Galice, avec un raccourcissement des jambes par rapport au reste du corps.
Cependant, les visages aux teintes chaudes et très expressifs gagnent eux en naturalisme, reflétant les sentiments intérieurs. La sculpture tient ainsi son rôle d’intercesseur envers le fidèle fondé sur des raisons affectives et familiales, très proches du sentiment populaire.
Le personnage principal qui est aussi le plus âgé, Sainte Anne, tenait la fleur de l’amour divin, offrant ainsi au fidèle une manière plus humaine d’approcher la Mère de Dieu et l’Enfant. Ce thème, souvent répété au Moyen Âge, va disparaitre à partir du concile de trente.